En cette journée grise et froide, je me tourne vers mon Hung Shui Oolong de Shan Lin Shi à forte torréfaction au charbon de cet hiver. Ces feuilles ont reçues beaucoup de chaleur au travers de leur torréfaction. J'en ai mis un paquet dans une de mes jarres en porcelaine qinghua afin d'affiner leur goût. L'odeur qui émane de la jarre est très différente de celui du sachet plastique ; je reste surpris et admiratif de cette magie de la bonne porcelaine.
Ce chaxi d'hiver est aussi l'occasion d'allumer un feu de charbon de bois dans mon Nilu blanc. (La fenêtre reste entre-ouverte pour éviter les accidents.) Les braises rouges crépitent doucement et créent une ambiance hors du temps.
Ce feu de charbon me permet d'utiliser ma bouilloire en argent. (Elle est trop petite pour ma plaque à induction, et le gaz de la cuisinière est trop intense et concentré, ce qui risque de l'endommager). Je me sers de l'aiguière en céladon de David Louveau pour remplir ma bouilloire d'eau. L'écoulement de l'eau par son bec fin est lente. Si on fait l'erreur de vouloir précipiter les choses, l'eau sortira par le haut et crée le désordre. C'est donc aussi un instrument pour calmer ses gestes et son esprit, prélable à une bonne attention au thé. Pareillement, le préchauffage de la théière sert aussi à la sérénité.
Le remplacement de ma tetsubin par ma bouilloire en argent a eu un grand impact sur le goût de mes infusions. De manière générale, je veux en profiter pour rappeler l'importance de l'eau pour le thé. Après avoir longtemps utilisé de l'eau minérale en bouteille, j'utilise maintenant majoritairement de l'eau du robinet filtrée par un préfiltre et un filtre Everpure. La qualité est satisfaisante par rapport à l'eau minérale, et c'est plus pratique quand on en consomme des grandes quantités.
Changer d'eau est souvent l'un des moyens les plus simples et moins onéreux d'améliorer son thé! Rares sont les eaux lourdes, très minéralisées, qui conviennent au thé. Mieux vaut choisir des eaux à faible teneur en minéraux, et les goûter à froid et à chaud pour les comparer.
L'apparition de bulles de la tailles d'yeux de crevettes (quelle imagination ils avaient autrefois!) m'indique que l'eau est prête pour l'infusion. En retenant quel est le bruit de l'eau à ce moment, je n'ai plus besoin de soulever le couvercle, les prochaines fois, pour savoir quand l'eau est bonne.
Ma (vieille) théière en duanni donne encore de meilleurs résultats que mes 4 zisha avec cet Oolong torréfié! Mais, comme pour la glaise zisha, je ne veux pas généraliser ce résultat. La qualité de chaque glaise est différente. Une autre théière d'un duanni de moindre qualité pourrait avoir un impact négatif sur ce thé.
Les vieilles coupes qinghua, peintes à la main, ont des parois épaisses qui gardent bien la chaleur malgré leur forme évasée.
Cette infusion dorée est un pur nectar. Que de goût et d'arômes dans tant de légerté! Marrons glacés, noisettes, agrumes murs... se fondent en une sensation douce et chaleureuse tellement naturelle.
Longue vie au Oolong torréfié au charbon de bois!
Mais les feuilles dans cette jarre décorée de caractères 'Shòu' (vie, longévité) risquent de ne pas passer l'hiver! Elles conviennent si bien à cette saison.
Avec le thé, les efforts et l'apprentissage sont souvent récompensés par d'excellentes infusions. C'est la meilleure raison d'aller 'au charbon' et de mettre en application tout ce qu'on a appris, en commençant par l'eau!
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