Wednesday, February 23, 2011

Coupe de Geneviève Meylan

Geneviève m'a offert cette coupe lorsque nous nous sommes rencontrés pour son exposition au musée d'Yingge. (Ce fut même un échange, puisque je lui avais donné quelques thés de ma sélection).

D'après les articles que Geneviève met sur son blog, je vois qu'elle est très curieuse et exploratrice de toutes les possibilités de la céramique. Elle aime notamment la recherche des couleurs et des matières avec ses émaux. Ses formes aussi sont très libres et d'inspirations très variées.

Ici, par exemple, la coupe repose sur six pieds, un peu comme un poulpe. Elle en est surélevée, ce qui est très pratique lorsque l'on boit à même le sol. La stabilité de la coupe est bonne, mais cette forme inhabituelle est un peu dérangeante pour l'oeil et l'esprit. Dans un moment de "zen caché", n'a-t-on pas plutôt envie d'une plus grande harmonies des lignes? Néanmoins, j'apprécie cette idée de vouloir séparer le thé du sol et de l'élever vers le ciel, comme le ferait un Cha Tuo (une soucoupe).

Comme je le montre à propos du tableau Couleurs d'automne sur les monts Chia et Hua, l'art chinois classique évolue en puisant dans le passé. Cela reflète la philosophie confucéenne de respect des anciens et des traditions.

Or, si j'aime tout particulièrement cette coupe-ci, (Geneviève, tu l'as bien choisie!) c'est car elle n'est pas pas totalement sortie de nulle part. Ses couleurs brunes foncées sur blanc écru nous renvoient aux céramiques de cizhou.

De plus, dans la coupe, ci-dessous, on retrouve un poisson, motif utilisé fréquemment depuis la dynastie Yuan. Sa prononciation en chinois est similaire à celle du mot 'abondance'. Le hasard de la cuisson a laissé éclater une bulle de l'engobe blanche au niveau de l'oeil. Cet effet fortuit et fort à propos rend cette pièce unique.

Cette coupe mêle donc des inspirations anciennes et des formes nouvelles. Mais c'est aussi un objet qui pousse à s'interroger: jusqu'où peut-on aller dans l'innovation? Tous les chemins ne mènent pas à Rome (ou au thé.) Avec trop de modernité, de créativité on risque de créer des objets qui ne correspondent pas aux attentes d'un paisible buveur de thé. Mais d'un autre côté, si la coupe n'est qu'une reproduction industrielle alors elle risque de perdre son âme et son unicité. Trouver le juste milieu. Le travail à la main reste essentiel pour créer des objets vivants.

(Merci encore à Geneviève pour cette coupe et toutes les reflexions que son travail d'artiste ont pu susciter.)

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