Une journée de printemps précoce me permet de réaliser un petit rêve: un Cha Xi traditionnel dans les montagnes de Wenshan, entre les plantations de Baozhong. Wenshan signifie littéralement 'culture montagne' en chinois. Raison de plus pour préparer mon thé avec ce qui me reste après avoir tout oublié! Il s'agit donc de vraiment mettre en pratique mon gongfu, les connaissances que j'ai intériorisées et faites miennes.
L'endroit est magnifique. Un grand rocher fait office de table et des rocs plus petits servent de banc! Les montagnes ont toujours été des endroits spirituels en Chine. Cela avait une raison pratique au depart: les terrains montagneux ne valaient rien, car l'agriculture y était plus bien plus difficile qu'en plaine. De plus, les monastères y échappaient ainsi aux impôts.
Loin de la grande ville, l'esprit y trouve calme, beauté et paix. Les conditions pour un excellent thé sont réunis.
Je transforme la ceinture de kimono en un triangle, épousant un peu la forme du rocher. J'y vois la notion d'espace et de son aménagement. Pour quelques heures, cet espace devient le mien et je l'organise de manière esthétique et pratique (comme un mandala).
La lumière matinale, cette atmosphere claire et fraiche promettent une énergie radieuse. L'esprit creatif (du dragon) se reveille pour disposer chaque accessoire à sa bonne place. Le tout ne demande qu'à être photographié et partagé!
Les préliminaires sont toujours fondamentales. La preparation du thé devient un succès si la relation entre chaque accessoire et le thé a été bien pensé, anticipé.
Je ne lésine donc pas sur la qualité de mon matériel ce jour-là, à commencer par cette théière Shuiping en zhuni.
Pour l'harmonie avec ce lieu, je choisis un Wenshan Baozhong assez particulier. Il s'agit d'une récolte semi-sauvage du printemps 2007 que le fermier avait torréfié légèrement en septembre de cette année. Le dernier paquet vieillit depuis chez moi, en sachet plastique. C'est pourquoi je l'entrepose quelques minutes dans la nouvelle jarre de David Louveau avant de le mettre sur une vieille petite coupelle qingbai.
L'eau de source chauffe doucement dans une bouilloire en argent au-dessus d'un lit de charbons incandescents. Le temps s'écoule au rythme de ce feu et de l'ébullition de l'eau.
Les arômes de ce Baozhong sont encore mielleux et forestiers, mais on sent aussi une transformation vers plus de fruité et de velouté. Avec le temps, il est normal que ce thé naturel perde en force, en intensité ; par contre, il y gagne en finesse, en harmonie.
L'infusion est transparente et resplendissante dans les coupes 'dragon' de De Hua.
En contraste, le bol à eaux usées est tel un trou noir!
Ce Cha Xi s'achève bien trop rapidement... Savourons chaque instant et chaque coupe de thé!
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