Mon Cha Xi se met aux couleurs chaudes de l'automne de la Chine du sud. En harmonie avec la saison, mon choix se porte sur mon concubine Oolong d'automne 2011. Torréfié, c'est un Oolong qui se prête bien à une longue conservation. Ses feuilles sèches sombres ont une assez grande taille. C'est normal, car elles viennent d'une plantation de haute altitude, Lu shan, à 1600 mètres.
Les thés d'automne sont rarement vendus comme tels, car cette saison n'a pas le même prestige que le printemps. Et, c'est vrai que Lu Yu dans son Cha Jing remarqua dès la dynastie Tang que le printemps est la saison qui convient le mieux au thé. Cependant, à son époque (dynastie Tang), on ne faisait que du thé vert, en plaine ou en montagnes basses. Or, avec pour faire un bon Oolong, il convient de ne pas seulement récolter les bourgeons, mais aussi les jeunes feuilles bien développées. Celles-ci résisteront mieux à l'oxydation partielle et à la chaleur de la torréfaction. De plus, le climat des hautes montagnes en automne (chaleur en journée et fraicheur la nuit) n'est pas trop éloigné des conditions printanières.
Conservé quelques jours dans cette jarre pour l'affiner, les feuilles me donnent une infusion couleur or particulèrement transparente. Les odeurs sont mûres, boisées et chaleureuses. La persistance de l'arrière-goût est très longue. Au goût, il y a une petite note sèche, acidulée qui se transforme en moelleux. Elle est due au terroir rocailleux de Lu Shan. Cela intensifie le goût et lui donne un caractère pur, aérien. Pour Lu Yu, (encore lui!), un sol rocailleux est ce qu'il y a de meilleur pour cultiver le thé.
Ces 4 derniers jours, j'ai infusé ce thé avec mon gaiwan (deux fois) et 3 théières Yixing différentes. Lors de ma première infusion en gaiwan, j'ai obtenu des notes un peu amères, trop concentrées. En vidant le gaiwan, je m'apperçois que j'aurais pu prendre moins de feuilles (voir ci-dessous). Ces feuilles d'Oolong sont vraiment très bien roulées! Et puis, ce sont des feuilles épaisses mais tendres.
C'est avec ma théière en duanni que j'ai obtenu l'infusion la plus fine et suave. A la fois concentrée et légère! Cela peut sembler contradictoire, mais j'ai trouvé que c'est un idéal à atteindre. (Maximiser le bon et minimiser le mauvais). D'une part, le thé entre facilement en bouche et glisse dans la gorge à peine sans qu'on le remarque. Et il laisse une bouche propre, légère. Mais en même temps, les arômes qui restent sont intenses (dans la coupe vide aussi), et l'on ressent la force du thé par vagues successives. Les papilles frémissent de plaisir. On en salive!
Aussi, quand j'ai repris mon gaiwan, j'ai bien fait attention au préchauffage et à une eau juste bouillante. J'ai mis un peu moins de feuilles et j'ai versé l'eau plus doucement et lentement, avec un léger geste du bas vers le haut. Attente pour que les feuilles s'ouvrent bien. Cette fois, le résultat eut bien plus de finesse sans perdre d'ampleur.
La douce chaleur d'un bon Oolong d'automne
berce mon corps d'une énergie qui étonne
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