Cultivar: Qingxin/luanze Oolong
Origine: Mojiang, Yunnan, Chine
Altitude de la plantation: 1700 mètres
Récolté à la main au printemps 2012.
Process: feuilles oxydées presque entièrment (thé rouge).
Infusion en gaiwan en porcelaine ivoire. Eau bouillante chauffée (au gaz) dans une tetsubin.
Je dépose délicatement les feuilles au milieu du gaibei en les faisant glisser de ma main. C'est un geste assez lent, puisque l'on cherche le calme pour mieux apprécier le thé.
Ce contact tactile entre la main et les feuilles vient enrichir l'expérience sensorielle de voir, sentir, puis entendre tomber les feuilles (et finalement goûter leurs arômes). Chaque thé a un toucher différent, comme la poignée de main varie d'une personne à une autre. Chez ce thé, je ressens immédiatement une force dure et souple, malgré la finesse des feuilles.
L'intimité entre moi et le thé commence par cette prise en main. Ce geste est une appropriation ; à l'opposé, il y a la frustration d'un signe "Ne pas toucher". Le thé m'appartient en faisant un avec mon corps. Je ne cherche pas à m'en distancer en évitant son contact. (D'ailleurs, je ne considère pas que les feuilles sont sales et ont besoin d'un rinçage!) La chaleur de ma main est un premier préchauffage.
"Si vous êtiez ces feuilles de thé, préferiez-vous glisser sur un tobbogan lisse et froid pour tomber brusquement dans le gaiwan? Ou bien préferiez-vous la sensation d'une main chaude qui vous bascule délicatement?" C'est ainsi que Teaparker répondit un jour à une amatrice de thé intriguée par l'absence d'ustensile pour ce geste!
Bien entendu, les mains propres s'imposent! (Le cuisinier aussi manipule les aliments mains nues).
L'infusion est d'une couleur orange dorée éclatante dans la grisaille automnale. La clarté de l'infusion est excellente.
Les feuilles sèches dégagent des fragrances si fines et intenses. On dirait un concerto pour violon. Les notes sont aigües et pures. Un charme pour le nez!
L'enchantement vient de ce que l'on retrouve toute cette finesse et ces notes pures et légères dans l'infusion! Les arômes sont ceux d'un parfum féminin séducteur et naturel. Il a la chaleur douce du thé rouge, mais aussi la fraicheur d'un thé de haute montagne. Le goût s'accorde en pureté et finesse avec les fragrances. Sa présence en bouche est longue et plaisante. Son Cha Qi, son effet sur le corps est puissant et chaleureux.
La porcelaine de Dehua (Fujian) est aussi appelée 'Blanc de Chine'. Ce centre de porcelaine précède historiquement celui de Jingdezhen. Plus marquée autrefois, cette porcelaine a encore une teinte 'ivoire'. Le rendu des odeurs du thé dans cette coupe est naturel, doux et précis.
Le relief de la coupe représente 2 dragons en train de se disputer un ballon, une perle! A moins que ce ne soit la lune... C'est un motif traditionnel qu'on retrouve sur de nombreuses coupes chinoises. Il convient parfaitement en cette année du dragon, à moins de 2 semaines de la fête de la pleine lune! Elle apparait alors si rouge et ronde au-dessus de l'horizon, à la tombée de la nuit...
On notera aussi la jolie transparence de la porcelaine. Elle laisse ressortir le dragon en relief.
Les feuilles ouvertes dévoilent leur qualité. La haute élévation de la plantation se traduit par des feuilles et des bourgeons de grande taille, épaisses et souples. Elles ont su donner le meilleur d'elles-mêmes pendant un grand nombre d'infusions. Constance dans l'excellence.
Ce thé rouge me transporte par-delà les nuages, vers la douce clarté lunaire. Thé rouge extrême. Délice fin et sans fin.
Cette impression d'infini, de pureté surnaturelle ouvre l'esprit au recueillement.
Petit vase réalisé par ma fille! |
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