Monday, February 24, 2014

Un thé de luxe, le Dian Hung d'arbre ancien à puerh


Ce petit Chabu noir est décoré de porcelaines qinghua de guanyao (fours spécifiques pour la cour impériale) de Jingdezhen. Le qinghua est la porcelaine à décor bleu de cobalt sous couverte (émail transparent). Ce style est apparu dès la dynastie Tang, mais c'est surtout sour les Mongols qu'il est devenu très populaire. En effet, c'est en 1278 que l'empereur Khubilai Khan établit un four impérial à Jingdezhen. Le blanc très pur était la couleur préférée des Mongols. Et le bleu leur rappelait la couleur du ciel.
Ce peuple des steppes, constamment en mouvement, avait un sens esthétique proche de l'esprit du thé: le luxe devait aussi être pratique. C'est pourquoi, les belles porcelaines produites n'étaient pas seulement faites pour leur beauté, mais aussi pour être utilisées (comme assiettes, jarres, bols...).  
Je me sers donc de nombreux accessoires qinghua pour ce Chaxi. J'aurais pu aussi utiliser une théière en porcelaine pour infuser mon thé rouge. Mais j'ai préféré opté pour une zhuni d'Yixing, car mon thé est composé presque exclusivement de bourgeons de feuilles d'arbre à puerh sauvage et oxydées à la façon d'un Dian Hung, le thé rouge du Yunnan. La zhuni permettra d'atteindre une température plus élevées, et donc d'extraire plus d'arômes de ces feuilles. La faible porosité de la zhuni a pour conséquence de peu 'arrondir' l'infusion. Au contraire, elle est plus tranchée et accentuée. C'est pourquoi peu de feuilles suffisent, mais elles doivent être sans défauts, vu qu'il n'y a pas moyen de 'cacher' d'éventuels défauts avec une telle glaise.
L'infusion a une couleur particulièrement éclatante, brillante. La transparence est très bonne. Après près de 3 ans de conservation, ce thé continue de s'affiner, ses fragrances gagnent en distinction et son goût en pureté. J'y retrouve de plus en plus clairement des notes chaudes de cassis. Le plaisir en bouche est doux, subtil, tout en êtant très vivant et durable.
La qualité de la porcelaine qinghua ancienne a le même fondement qu'un bon thé: la matière première. La qualité essentielle de la porcelaine qinghua de la dynastie Yuan provient donc de la blancheur de cette terre extraite du mont Gaolin, proche de Jingdezhen, et qu'on appellera kaolin en Occident. Ensuite, il s'agissait de bien la travailler naturellement et de la peindre avec éléance, puis de la cuire à haute température.

Si ce Dian Hung se distingue des autres, c'est car ses feuilles sont d'excellente qualité et d'origine complètement naturelle: bourgeons d'arbres de puerh centenaires et de haute altitude (1700 m) du Mojiang (Yunnan). Le savoir-faire traditionnel de l'homme sur ces feuilles est ce qui respecte le mieux le caractère naturel de ce thé.
Le luxe des Mongols une affirmation de supériorité et de puissance. Avec le qinghua de Jingdezhen, c'était posséder ce qui se faisait non seulement de mieux, mais même ce qu'on ne trouvait pas ailleurs (ou alors mal copié). -Notre époque bling-bling n'a rien inventé!-.

Les empereurs mongols se servaient aussi de porcelaine qinghua pour récompenser le travail et les exploits de leurs fidèles sujets. Aujourd'hui, je dirais aussi que savourer un très bon thé avec de la belle porcelaine, c'est un luxe qui se mérite!

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