Tuesday, January 8, 2013

Test de 4 Yixing zisha

Lorsque j'ai commencé à m'intéresser au thé, je ne faisais pas la différence entre un Oolong de haute montagne cher et un Oolong bas de gamme. Ne sachant pas infuser avec une bonne technique, le résultat était médiocre dans les 2 cas et je ne voyais pas la différence de qualité. Celle-ci ne m'est apparue qu'avec la pratique et l'apprentissage du 'gongfu cha'. Ensuite, j'ai pu découvrir des thés toujours meilleurs, car j'avais appris à les laisser s'exprimer.

Un des outils les plus fascinants au service du thé est la théière en glaise d'Yixing. Comme pour les thés, la qualité de la glaise peut varier grandement (et les prix aussi). Cela n'apparait pas évident au départ, mais avec de l'expérience cela devient de plus en plus net.  

Pour bien connaitre les caractéristiques et la qualité de ces 4 théières Yixing zisha ci-dessus, je les ai testées les unes après les autres avec le même thé. A priori, la glaise zisha convient particulièrement bien aux Oolongs torréfiés. Aussi, j'ai choisi d'y infuser mon Hung Shui Oolong à torréfaction 'forte' de Shan Lin Shi de cet hiver successivement dans chacune. Comme il s'agit d'un test de théière et non de thé, je n'utilise que peu de feuilles et prolonge donc les infusions pendant plusieurs minutes. Ce contact prolongé entre l'infusion et la théière a pour but d'accentuer l'impact de la glaise sur le thé.
     
De plus, ce jeune Hung Shui Oolong déborde d'arômes puissants et convient bien à ce type d'infusion. Le feu de sa torréfaction n'a pas encore eu le temps de s'affiner pour des infusions très concentrées. Quand on ne prévoit qu'une, deux ou trois infusions, il n'y a pas de raison de gaspiller du bon thé!

Connaissant ce thé infusé en porcelaine (set de compétition), j'ai un standard neutre en mémoire pour mes comparaisons: 

1. Glaise zisha à gros grains et d'aspect très brut. Faite dans les années 1990s. (Prix abordable). Au toucher, on sent les gros grains de la glaise. Ce n'est pas lisse du tout.

Pour les 4 théières, j'ai pris 2 photos: une à froid et une au bout de quelques secondes de préchauffage. En effet, un des jolis effets de la glaise d'Yixing est ce changement d'aspect sous l'effet de la chaleur. La théière se met à briller et à 'vivre' une fois en contact avec l'eau bouillante!
 
Avec cette théière, le goût est assez direct. Je sens un aftertaste assez puissant, mais pas de finesse. Il y a un picotement grossier la langue. Les odeurs sont assez fidèles et naturelles, mais pas affinées. Ce sont plutôt les senteurs 'lourdes' qui ressortent.

Conclusion: elle irait mieux avec des vieux Oolongs torréfiés de qualité moyenne.
2. Glaise zisha très fine. Faite fin 1990s, début 2000. Au toucher, on sent des petites aspéritées. Le contact est un peu abrasif, surtout à l'intérieur. Le prix est inférieur à 100 USD. C'est un genre de glaise 'industrielle' qu'on trouve de manière assez commune.
Le goût est plat, fade. C'est comme si les arômes avaient été aspirés, absorbés par la théière.
La langue est un peu pâteuse, ce qui n'est pas une sensation confortable. Il n'y a pas non plus de longueur en bouche. Et les senteurs ne sont pas entièrement naturelles ou plaisantes. On dirait que les feuilles de thé ont été 'asphyxiées'.
3. Glaise Di Cao Qing. Elle provient de strates profondes des mines d'Yixing. Très compacte et riches en minéraux, c'est une glaise de grande qualité. Elle douce au toucher, mais pas entièrement lisse. La théière date des années 1980. (En Euros, je l'ai payée un prix à 4 chiffres.)

Au début, le thé se ressent à peine. Il se boit très facilement et glisse dans la gorge.
Mais, au lieu d'une sensation creuse, arrive un afflux de sang dans la langue et au palais. C'est toute la bouche qui 'travaille', stimulée par la force vitale du thé.

Je ressens aussi la fraicheur du thé dans la bouche. Pureté, amplitude, finesse sont les caractéristique de ce goût et surtout de cet longueur du goût. L'aftertaste est plein de force naturelle. C'est à la fois puissant et agréable.
4. Glaise zisha décorée qinghua de la dynastie Qing, règne de Qianlong. Cette théière de plus de 200 ans a tout pour être une pièce de musée! (Inestimable, je ne compte pas m'en séparer de mon plein gré).
La glaise a l'air brute (et semblable à la première) du point de vue de la couleur. Cependant, au toucher, c'est la plus lisse et la plus douce des 4.

Goût soyeux, doux et moelleux. C'est comme un violon qui joue des notes légères. Les arômes sont purifiés et portés à un niveau de raffinement surprenant. Cette finesse n'est pas fade, mais pleine de vie. Je ressens le cha qi et une chaleur qui envahit mon corps en commençant par le ventre, puis les épaules.
Les odeurs sont concentrées et comme de la liqueur. C'est complètement naturel et pur.

Ci-dessous, vous avez une vue dans la théière. On voit que les parois internes n'ont pas été polies. Si peu de feuilles ont fait un si grand effet...
La Di Cao Qing joue sur un registre très proche de la théière ancienne. Haute fidélité au thé. Le raffinement est tel que quelques feuilles suffisent pour beaucoup de plaisir. (C'est aussi comme cela que je me justifie l'acquisition/investissement de ces théières exceptionnelles: rechercher des saveurs nouvelles, plus fines et moins consommatrices de feuilles de qualité).

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