Monday, August 27, 2012

Jarre Anping


Durant mes vacances dans le sud de Taiwan, j'ai eu l'occasion de visiter la ville de Tainan. Sur la presqu'ile de cette ville, face à la mer, les Hollandais construisirent leur premier fort, 'Zeelandia', en briques rouges, en 1624. Ce fut le début de l'occupation de Taiwan par les 'barbes rouges' (les Hollandais).

Or, en 1661, Koxinga, un général du Fujian encore fidèle à la dynastie Ming (officiellement renversée en 1644) décide de se replier à Taiwan. Il regroupe une flotte et 25,000 soldats, et se lance à l'assaut du fort Zeelandia. Malgré un armement techniquement inférieur à celui des 1200 Hollandais, Koxinga obtient leur rédition le 1er février 1662. Cet endroit est alors renommé Anping, en référence au lieu originaire de la famille de Koxinga dans le Fujian. (Il est intéressant de noter que 3 siècles plus tard, l'histoire se répéta avec le général Chang Kai-Shek!...)

Ce héros chinois (il est même moitié Japonais par sa mère) avait pour intention de reprendre la Chine aux Mandchous. C'est pour cela qu'il avait amené son armée et son arsenal à Taiwan. Or, c'est à Anping que des fouilles archéologiques ont pour la première fois découvert des jarres émaillées hautes très particulières.

C'est pourquoi on les appelle "jarres Anping", même s'il est établi qu'elles furent faites dans les fours de Fujian (ou de Guangzhou). Le musée du fort a d'ailleurs une section sur cette céramique. Et, il s'agit en fait de cette grenade dont je me sert comme jarre à thé!

Le musée nous apprend que ces jarres datent de la fin du 16è au 18è siècle environ. Leurs fonctions étaient multiples. On s'en servait pour conserver le sel, les épices et de la poudre à feu. C'est une jarre à usages multiples depuis bien longtemps, semble-t-il. A moins que son usage comme grenage fut sa première fonction, et qu'on la reconvertit dans des usages civiles une fois la reconquête de la Chine abandonnée?   

Le pied est concave afin que le bas touche à peine le sol. (Comme il n'est pas émaillé, cela le protège de l'humidité). Le corps est formé en plusieurs parties, souvent très épaisses. On voit les marques du tournage et des jointures sur l'extérieur (et on les sent à l'intérieur). Le haut de la bouche est souvent, mais pas toujours, sans émaille: la cuisson s'est faite les jarres empilées les unes sur les autres. Seules celles tout en haut (dans le four) ont leur bouche complètement émaillées.
Les jarres Anping ont une place de choix dans ce musée de Tainan. Moi, j'en ai déjà adopté plusieurs pour conserver mes Oolongs ou thés rouges. Leurs épaisses parois émaillées isolent bien le thé des odeurs externes. Et les changements de tempéprature s'y font plus doucement. Ci-dessous, cette jarre m'accompagna durant mes vacances. Je l'utilisai pour impressionner le producteur du Gankou Oolong: il fut surpris de sentir comment son Oolong sent plus fin et rond une fois mis dans cette jarre!
Ces 'grenades d'Anping' repoussent les attaques du temps et de l'air!
Mais le thé y perd son odeur de sachet 'plastique' et retrouve une odeur naturelle en l'espace de quelques secondes. C'est l'effet 'magique' des bonnes jarres, un peu similaire à l'effet de la décantation sur un vin.

Ci-dessous, voici les jarres Anping disponibles dans ma sélection. Je les fournis avec une coupe (moderne) adaptée qui sert de couvercle. (Mise à jour le 6 juin 2013)

Ces jarres sont de petite taille (9 cm de haut environ) et conviennent particulièrement bien à l'utilisation sur un Cha Xi:


Les suivantes sont plus hautes (13 à 15 cm) et ont une contenance bien plus importante. Elles permettent donc de conserver plus de thé, mais peuvent apparaitre un peu grande sur un Cha Xi:
Par exemple, voici un exemple de proportion pour une petite jarre Anping:

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